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Fabrice
Fusaing, absorbé par la lecture d'une lettre, conduit Gildas
de La Foucquerie jusqu'à son bureau. Sans mot dire, il
fait signe à son visiteur de s'asseoir. Le jeune homme
y regarde à deux fois avant de se rapetisser sur l'un des
tabourets. Il ne voit pas Paradisier qui se tient immobile, dans
la nacelle suspendue en l'air parmi les tentures.
FABRICE FUSAING :
-
Je hais les éditeurs ! Je hais leurs aimables lettres-types
dans lesquelles, en évitant les mots qui pourraient mortellement
blesser l'auteur, ils annoncent que "malgré votre
talent certain et la qualité indéniable de votre
manuscrit", ils ne peuvent "le retenir pour publication".
Ils ne peuvent pas le retenir tout court. De peur qu'il ne s'évade,
ce qui ternirait leur réputation, ils vous proposent charitablement
de vous le renvoyer contre-remboursement ou que vous passiez le
chercher en leurs locaux sous trente jours, faute de quoi ils
seront "contraints (!) de procéder à sa destruction".
Oui, monsieur, rien que cela peut vous faire comprendre pourquoi
je hais les éditeurs.
GILDAS DE LA FOUCQUERIE :
- Cette haine, je suis certain qu'au fond, c'est de l'amour !