Ce livre, épuisé, a été publié en 1976 au Mercure de France. Après être resté au catalogue de cette maison d'édition pendant vingt ans, il n'en fait plus partie aujourd'hui. L'hypothèse d'une réédition, rendue possible par la récupération de ses droits par l'auteur mais non souhaitée par lui, à cause de la maigre valeur littéraire de l'ouvrage, ne pourrait s'envisager que sous l'angle particulier d'une photographie souvent crue et violente de la situation psychiatrique du début des années 70, en France, lors des débuts de la "sectorisation".
Le titre original de l'ouvrage, sans doute mauvais, était "Deviens mon ami et tu ne seras plus fou !". Il n'empêche que "Le pavillon des Hors-la-loi", pour meilleur qu'il fût d'un point de vue marketing, a toujours posé un problème à l'auteur pour qui les malades mentaux n'ont jamais été des hors-la-loi, même métaphoriquement : ces malades, encadrés par la législation (l'ouvrage commence d'ailleurs par un extrait du Code civil...), vivent sans relation avec la loi, dans un espace qui se situe ni dans ni hors la loi, et la seule loi qu'ils subissent peu ou prou est celle de l'hôpital, en fait la discipline que tente de faire appliquer le personnel.
Alors pourquoi ce titre ? Aleksandr Soljenitsyne venait de publier "Le pavillon des Cancéreux". "Le pavillon des Hors-la-loi" fut le second pavillon. Peu après sortit "Le pavillon des Enfants fous"... Il y en eut d'autres... Rendons tout de même un hommage - trop court - à Yukio Mishima qui fit paraître avant tout le monde le pavillon le plus riche et le plus troublant de l'histoire littéraire : "Kinkakuji" ("Le Pavillon d'Or", traduction française chez Gallimard, en 1961)...
Comment un tout jeune homme put-il s'opposer à la volonté de la vieille maison qui avait décidé du titre sans concertation avec lui ? Il était impossible de changer le titre (la couverture, lui dit-on, égaillait déjà les rotatives de l'imprimeur...) mais on accepta que l'auteur injectât une artificielle histoire d'évasion d'un malade permettant d'introduire la notion de "hors-la-loi", ce qui gommait toute ambiguïté avec les malades mentaux. Le livre parut ainsi.
24 mars 2000