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Juin 2005

Un nouveau roman de Robert Vivian publié aux éditions La Mirandole.
Après La draille des colporteurs, roman publié chez le même éditeur, voici Le clocher de Tourmente.

Avec Le clocher de tourmente, Robert Vivian, bon pied bonne plume, poursuit une oeuvre romanesque que, foin des typologies littéraires épuisantes, nous nous abstiendrons de classer, tant ce roman se situe à l'intersection de plusieurs genres. Parallèlement à la production d'ouvrages savants (Robert Vivian continue de porter un regard vigilant et exigeant sur la glaciologie, sa discipline : voir sa biobibliographie, son album-photo et ses différents articles...), l'auteur nous offre là son troisième roman (le deuxième publié chez La Mirandole, un éditeur de province qui, loin des agitations germanopratines surannées, fait un travail remarquable comme en témoigne son catalogue nourri).

D'une plume sobre et efficace, Robert Vivian invite le lecteur à partir à la recherche de Lozeran le berger dont la disparition est restée une énigme. Par le biais d'habiles retours en arrière, nous sommes ramenés au coeur des affres de la Seconde Guerre mondiale, parmi les résistants lozérois, les héros incontestables de ce roman, mais aussi, tapis dans l'ombre qui leur sied si bien, parmi les collaborateurs, dont certains endossèrent parfaitement leur costume de salaud en devenant des dénonciateurs. La tempête de neige qui bloque l'enquêteur dans un hameau de Lozère lui permettra de faire avancer sa recherche de vérité : les vieilles langues, toujours mouillées par la salive de la mémoire qui ne tarit point, se délient...

Mais qu'est-ce que ce clocher de tourmente ? Il permettait de guider les voyageurs perdus dans les tempêtes de neige, fréquentes en hiver : " Comme le phare du port aperçu par le marin égaré dans les tempêtes, le clocher de tourmente lorqu'on l'entendait, signifait la fin du cauchemar " (p. 13). Si le beau décor de ce roman est le Parc National des Cévennes (dont Robert Vivian fut Président, ce qui lui permet de régler quelques comptes à fleuret très moucheté, on est élégant ou on ne l'est pas et comprenne qui pourra !), le vrai décor, c'est la neige dont la beauté virginale peut devenir un danger mortel pour les habitants de hameaux qui se retrouvent coupés du monde : les fils ténus de l'électricité et du téléphone ne résistent pas au poids de la neige qui sait se faire pierre et claquemurer les habitants.

Le clocher de tourmente est aussi le roman des habitants de ces régions abruptes : " Ils sont les derniers remparts contre l'éclatement total puis la disparition de nos sociétés rurales " (p. 86). L'auteur les met en scène d'une manière que, en d'autres temps et lieux, n'aurait pas renié Guy de Maupassant.

Patrick Pognant, 28 juin 2005

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