Accueil du site

5/11

  "Il ne peut donc pas être jaloux de ma muse. Et si je suis son meilleur ami comme il le dit, il ne peut souhaiter que mon bonheur. La conclusion tourne à mon désavantage : Frantiseck pense sincèrement que mon texte est mauvais... Mais non, c'est impossible ! Sorti brutalement de son sommeil, il n'a su en apprécier le raffinement, voilà l'explication !
  De retour dans le salon, il relit son poème et ne le trouve pas si mauvais. Décidément, il ne comprend pas la réaction de Frantiseck. Par prudence, il décide de ne pas l'envoyer et le détruit. Il ne peut pas se permettre de passer pour un pitre aux yeux de celle qu'il veut séduire comme jamais aucun homme ne l'a séduite ! Et pour une femme, quoi de plus inattendu de la part d'un homme que l'envoi d'un poème? Mais pas n'importe quel poème...
  Un poème brut, loin du protocole littéraire et de ses uniformes obligés que sont les sonnets et autres quatrains. Un poème viril, sans les fanfreluches des rimes riches, pauvres, masculines, féminines... Un poème nu, sans la soie de la prosodie pour vêtir de luxe les vers parfaits. Un poème libre, sans les menottes de la métrique. Un poème sauvage, avec des pieds de biche pour forcer l'imaginaire et courir dans ses forêts, loin des salons où se prélassent les alexandrins onduleux et leurs hémistiches plumeux, ceux qu'ils ont l'art de se planter juste au milieu...

< Page précédente - Page suivante >

< Début du texte
< Retour menu nouvelle