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La dernière danse de l'homme nu


                                                                                                                            Dessin orginal de Patrick Pognant (c) 1994

Présentation / Décor - Multimédia - Costumes - Musique / Comédiens et personnages   /


P r é s e n t a t i o n


     La Dernière Danse de l'Homme Nu met en scène le suicide de l'écrivain René Crevel qui meurt le 19 juin 1935 à l'âge de 35 ans. En rédigeant sa lettre d'adieu, René passe en revue des moments de son existence, publics et privés. Ces fragments de vie parfois anodins, sont soit relatés, soit présentés sous la forme de tableaux successifs qui constituent le spectacle dont le fil conducteur est la lettre. Ces retours dans le passé couvrent la période 1920-1935.
    La Dernière Danse de l'Homme Nu est un spectacle d'actualité à maints égards. N'y aborde-t-on pas pêle-mêle les thèmes de la drogue, du sexe, de la maladie (contagieuse et mortelle...), de la politique, de la menace fasciste, de l'Europe (particulièrement les échanges culturels franco-allemands) ?

    S'il s'agit avant tout de montrer le destin tragique de René Crevel, il s'agit aussi d'utiliser l'époque (des Années Folles - l'après-guerre - aux Années Noires - l'avant-guerre) comme un décor visuel mais aussi musical et narratif. Il n'est pas nécessaire de rappeler le foisonnement artistique de ces années qui semblent bien avoir tout "inventé"... La reconstitution de l'avant-première de L'Age d'Or de Bunuel et Dali, premier film parlant, est là pour qu'on s'en souvienne (et qu'on rappelle la censure qui a frappé ce film pendant... 50 ans !). Dans le même esprit est proposé le début de la pièce "Coeur à gaz" de Tristan Tzara.
    D'aucuns seront peut-être étonnés de la place faite à la musique et à la chanson. Il faut préciser que la TSF et surtout les disques étaient un loisir nouveau, très prisé par la jeunesse et que le blues, le jazz, le fox-trot, le tango, la java sont nés à cette époque, une époque où l'on dansait beaucoup et où le moindre événement était l'occasion de faire la fête, toutes classes sociales confondues...
    D'autres seront surpris par la présence d'artistes noirs. Avec la Revue Nègre, une vague noire déferlait sur Paris (en 1925, une certaine Joséphine Baker est sacrée Reine de Paris avec ses seins nus et une ceinture de bananes...). Par ailleurs, la négritude incarnait aux yeux de Crevel la beauté parfaite, une sorte d'idéal du désir, inaccessible. Enfin, le noir apparait comme la couleur du destin tragique du personnage. Certains n'ont-ils pas, un peu facilement à notre goût, surnommé René Crevel "l'ange noir du surréalisme" ?

    A un spectacle de conception surréaliste a été préférée une facture plus classique qui ne s'empêche pas de traduire l'atmosphère surréaliste dans quelques scènes, notamment avec le Désir, personnage métaphorique. La Dernière Danse de l'Homme Nu s'articule en douze tableaux. C'est un spectacle "total" qui, s'il est à dominante théâtrale, comprend également une dimension chorégraphique (et acrobatique avec un des personnages trapéziste), cinématographique, musicale...
    La version proposée ici ne prévoit pas d'entracte. Mais la pièce pourrait en comporter un à la fin du sixième tableau. Il s'agit en fait d'un problème de durée qui se trouve entre les mains du metteur en scène, lequel pourra décider de la longueur très variable des respirations musicales, chorégraphiques, etc.

Patrick Pognant (20.02.1994)

Décor - Multimédia - Costumes - Musique

L e   d é c o r

    Il s'agit d'un décor unique, surréel, avec des tulles et des voiles qui matérialisent des espaces où sont disposés des objets hétéroclites, lesquels trouveront leur signification symbolique au fur et à mesure du déroulement du spectacle :
      . un trapèze (avec une plate-forme et une corde ; le trapéziste est retenu par une longe),
      . un lit,
      . une table,
      . des chaises,
      . un fauteuil,
      . un réchaud à gaz,
      . un poste de T.S.F.,
      . un gramophone,
      . un comptoir de bar,
      . un chevalet,
      . un réverbère,
      . un arbre,
      . une cabine téléphonique londonienne.
     Depuis la plate-forme, le trapéziste peut activer la manivelle de la boîte à fantasmes, suspendue dans les airs: un parallélépipède en verre permet de voir un mécanisme complexe et inutile (symbolisant la mode machiniste du moment) qui, relié à la manivelle, active un rouleau composé d'agrandissements des oeuvres des photographes de l'époque (Man Ray, Jacques-Henri Lartigue, Germaine Krull, Atget...) portant sur le corps humain (symbolisant la vie propre du désir). Quand la boîte à fantasmes n'est pas activée, un poster reste toujours visible par le public et devient un élément du décor. Compte tenu de l'option proposée pour le décor d'une part, et la pièce étant rythmée par des retours en arrière d'autre part, le rôle des lumières est primordial.

    Le décor intégre un écran de projection (voire de rétro-projection).

Multimédia

  . actualités cinématographiques de l'époque,
  . tableaux collages photos et sculptures (Marie Laurencin, Salvador Dali, Max Ernst, Eugene Mac Cown, Renée Sintenis, Sonia Delaunay, Man Ray, etc.)
  . extrait de L'Age d'or de Bunuel et Dali.

    Un affichage électronique déroulant simule un télétype (inventé en 1928) et donne des indications (principalement des dates) à chaque fois précisées dans le livret.


C o s t u m e s

    Ils sont des costumes ou d'époque ou stylisés.

    Les comédiens, sauf René Crevel, incarnant plusieurs personnages, il est indispensable de prévoir des costumes et/ou des accessoires, voire des coiffures, qui permettent de dissocier les différents rôles joués par le même comédien.


M u s i q u e

    Les titres des musiques et des chansons ne sont pas donnés dans le texte (sauf pour des nécessités narratives).

    D'abondantes sources sonores de l'époque existent et le choix est abondant.

    Les trois principaux genres proposés sont :

      . la chanson (Yvonne Georges, Fréhel, Joséphine Baker, Marianne Oswald...),
      . le jazz (Sydney Bechett, Jabbo Smith, Louis Armstrong...),
      . la musique classique (le Groupe des Six et particulièrement la musique pour ballet de Darius Milhaud, mais aussi les musiciens russes dont Igor Stravinsky...).


L e s   c o m é d i e n s

    Les figurants et les comédiens, et particulièrement René Crevel et le Désir (ce dernier étant aussi trapéziste), doivent être capables de danser.
    Les dix-sept rôles (rôles principaux, rôles secondaires et figurants) sont répartis entre sept comédiens et quatre figurants qui incarnent plusieurs personnages (voir la proposition de distribution ci-dessous).
    Les comédiens (au moins René Crevel pour sa "voix intérieure") sont équipés de micro-émetteurs. Sauf quand une indication de sortie est donnée, les comédiens se changent et se maquillent au vu du public.


- - - - - L e s   r ô l e s - - - - -

Rôles principaux (par ordre d'apparition)

  . René Crevel (la trentaine, beau jeune homme sympathique ; sémillant et enjoué en présence de tiers, il est souvent triste quand il est seul),
  . Le Désir (la trentaine, trapéziste-acrobate masculin de race noire, métaphore du désir charnel mais aussi de la beauté et de l'idéal, si pathétiquement inaccessibles à René Crevel),
  . Nancy Cunard (la trentaine, amie de René Crevel, aisée, plutôt jolie, pleine d'entrain et de joie de vivre),
  . Eugene Mac Cown (la trentaine, amant de René Crevel, il est beau et son accent américain lui donne du charme),
  . Tony Gandarillas (la trentaine, fidèle ami de René Crevel, accent sud-américain, semble vivre de ses rentes),
  . Mopsa (la trentaine, jeune femme au physique de garçon, maîtresse de René Crevel puis épouse de Carl von Ripper, accent allemand, camée, fauchée),
  . Carl Von Ripper dit Le Légionnaire (la trentaine, beau garçon, amant de René Crevel, puis époux de Mopsa, accent allemand),
  . Tota Cuevas de la Serna (la trentaine, marquise, maîtresse de René Crevel, accent espagnol qui donne du piquant à un physique plutôt fade, sans doute dû à la dépression chronique dont souffre la marquise).

Rôles secondaires (par ordre d'apparition)

  . Madame Crevel (la cinquantaine, femme austère qui parle sèchement),
  . Le jeune admirateur (la vingtaine, fort accent allemand),
  . La Princesse Murat (la trentaine, amie de René Crevel),
  . L'infirmière noire (religieuse à cornette),
  . Salvador Dali (la trentaine, fort accent catalan, avec des moustaches moins exubérantes que celles qui ont participé à sa renommée médiatique).

Figurants (participent aussi à des scènes de groupe)

  . Le jeune invité en slip (tableau 2),
  . La fille lascive (tableau 2),
  . La chanteuse blonde (tableau 5),
  . Le serveur (tableau 5).

- - - - - L a   d i s t r i b u t i o n - - - - -

    La contrainte de limiter le plateau fait naître une suggestion de distribution théorique - qui pourra être agencée différemment en fonction d'autres contraintes... - séduisante en ce sens qu'elle permet de faire jouer au comédien plusieurs rôles qui, symboliquement, sont le même rôle : l'ami, l'amie, l'amant, l'amante...

R O L E S   P R I N C I P A U X   :   7   C O M E D I E N S
N.B.: les rôles secondaires sont joués par les comédiens des rôles principaux.

  . René Crevel : incarne le seul rôle de RENE CREVEL ;
  . Le Désir : incarne le seul rôle du DESIR, toujours lié au trapèze et à la danse ;
  . L'AMIE : Nancy Cunard et la Princesse Murat ;
  . L'AMI : Tony Gandarillas et Salvador Dali ;
  . L'AMANTE : Mopsa, Tota Cuevas de la Serna, Madame Crevel ;
  . L'AMANT : Eugene Mac Cown, Carl Von Ripper, Le Jeune Admirateur ;
  . L'infirmière (religieuse à cornette) : jouée par une comédienne noire.

L E S   F I G U R A N T S   :   4   figurants

    En plus des scènes de groupe, ils jouent, entre autres personnages : Le Jeune Invité en Slip, La Fille Lascive, La Chanteuse Blonde, Le Serveur.

Début   de   l'acte   I
de COEUR A GAZ de Tristan TZARA

  René Crevel joue OEIL
  Le Désir joue NEZ
  Une comédienne joue BOUCHE
  Un comédien joue COU
  Un comédien joue OREILLE.
  Pendant le déroulement de la pièce de Tzara, les autres comédiens et les figurants jouent les détracteurs.