Il s'agit d'un décor unique, surréel,
avec des tulles et des voiles qui matérialisent des espaces
où sont disposés des objets hétéroclites,
lesquels trouveront leur signification symbolique au fur et à
mesure du déroulement du spectacle :
. un trapèze (avec une plate-forme et une corde
; le trapéziste est retenu par une longe),
. un lit,
. une table,
. des chaises,
. un fauteuil,
. un réchaud à gaz,
. un poste de T.S.F.,
. un gramophone,
. un comptoir de bar,
. un chevalet,
. un réverbère,
. un arbre,
. une cabine téléphonique londonienne.
Depuis la plate-forme, le trapéziste peut activer
la manivelle de la boîte à fantasmes, suspendue dans
les airs: un parallélépipède en verre permet
de voir un mécanisme complexe et inutile (symbolisant la
mode machiniste du moment) qui, relié à la manivelle,
active un rouleau composé d'agrandissements des oeuvres
des photographes de l'époque (Man Ray, Jacques-Henri Lartigue,
Germaine Krull, Atget...) portant sur le corps humain (symbolisant
la vie propre du désir). Quand la boîte à
fantasmes n'est pas activée, un poster reste toujours visible
par le public et devient un élément du décor.
Compte tenu de l'option proposée pour le décor d'une
part, et la pièce étant rythmée par des retours
en arrière d'autre part, le rôle des lumières
est primordial.
Le décor intégre un écran de
projection (voire de rétro-projection).
. actualités cinématographiques de
l'époque,
. tableaux collages photos et sculptures (Marie Laurencin,
Salvador Dali, Max Ernst, Eugene Mac Cown, Renée Sintenis,
Sonia Delaunay, Man Ray, etc.)
. extrait de L'Age d'or de Bunuel et Dali.
Un affichage électronique déroulant simule un télétype (inventé en 1928) et donne des indications (principalement des dates) à chaque fois précisées dans le livret.
Ils sont des costumes ou d'époque ou stylisés.
Les comédiens, sauf René Crevel, incarnant plusieurs personnages, il est indispensable de prévoir des costumes et/ou des accessoires, voire des coiffures, qui permettent de dissocier les différents rôles joués par le même comédien.
Les titres des musiques et des chansons ne sont pas donnés dans le texte (sauf pour des nécessités narratives).
D'abondantes sources sonores de l'époque existent et le choix est abondant.
Les trois principaux genres proposés sont :
. la chanson (Yvonne Georges, Fréhel, Joséphine
Baker, Marianne Oswald...),
. le jazz (Sydney Bechett, Jabbo Smith, Louis Armstrong...),
. la musique classique (le Groupe des Six et particulièrement
la musique pour ballet de Darius Milhaud, mais aussi les musiciens
russes dont Igor Stravinsky...).
Les figurants et les comédiens, et particulièrement
René Crevel et le Désir (ce dernier étant
aussi trapéziste), doivent être capables de danser.
Les dix-sept rôles (rôles principaux, rôles
secondaires et figurants) sont répartis entre sept comédiens
et quatre figurants qui incarnent plusieurs personnages (voir
la proposition de distribution ci-dessous).
Les comédiens (au moins René Crevel pour
sa "voix intérieure") sont équipés
de micro-émetteurs. Sauf quand une indication de sortie
est donnée, les comédiens se changent et se maquillent
au vu du public.
. René Crevel (la trentaine, beau jeune
homme sympathique ; sémillant et enjoué en présence
de tiers, il est souvent triste quand il est seul),
. Le Désir (la trentaine, trapéziste-acrobate
masculin de race noire, métaphore du désir charnel
mais aussi de la beauté et de l'idéal, si pathétiquement
inaccessibles à René Crevel),
. Nancy Cunard (la trentaine, amie de René
Crevel, aisée, plutôt jolie, pleine d'entrain et
de joie de vivre),
. Eugene Mac Cown (la trentaine, amant de René
Crevel, il est beau et son accent américain lui donne du
charme),
. Tony Gandarillas (la trentaine, fidèle
ami de René Crevel, accent sud-américain, semble
vivre de ses rentes),
. Mopsa (la trentaine, jeune femme au physique de
garçon, maîtresse de René Crevel puis épouse
de Carl von Ripper, accent allemand, camée, fauchée),
. Carl Von Ripper dit Le Légionnaire
(la trentaine, beau garçon, amant de René Crevel,
puis époux de Mopsa, accent allemand),
. Tota Cuevas de la Serna (la trentaine, marquise,
maîtresse de René Crevel, accent espagnol qui donne
du piquant à un physique plutôt fade, sans doute
dû à la dépression chronique dont souffre
la marquise).
. Madame Crevel (la cinquantaine, femme austère
qui parle sèchement),
. Le jeune admirateur (la vingtaine, fort accent
allemand),
. La Princesse Murat (la trentaine, amie de René
Crevel),
. L'infirmière noire (religieuse à
cornette),
. Salvador Dali (la trentaine, fort accent catalan,
avec des moustaches moins exubérantes que celles qui ont
participé à sa renommée médiatique).
. Le jeune invité en slip (tableau
2),
. La fille lascive (tableau 2),
. La chanteuse blonde (tableau 5),
. Le serveur (tableau 5).
La contrainte de limiter le plateau fait naître une suggestion de distribution théorique - qui pourra être agencée différemment en fonction d'autres contraintes... - séduisante en ce sens qu'elle permet de faire jouer au comédien plusieurs rôles qui, symboliquement, sont le même rôle : l'ami, l'amie, l'amant, l'amante...
. René Crevel : incarne le seul rôle
de RENE CREVEL ;
. Le Désir : incarne le seul rôle du DESIR,
toujours lié au trapèze et à la danse ;
. L'AMIE : Nancy Cunard et la Princesse Murat ;
. L'AMI : Tony Gandarillas et Salvador Dali ;
. L'AMANTE : Mopsa, Tota Cuevas de la Serna, Madame Crevel
;
. L'AMANT : Eugene Mac Cown, Carl Von Ripper, Le Jeune
Admirateur ;
. L'infirmière (religieuse à cornette) :
jouée par une comédienne noire.
En plus des scènes de groupe, ils jouent, entre autres personnages : Le Jeune Invité en Slip, La Fille Lascive, La Chanteuse Blonde, Le Serveur.
René Crevel joue OEIL
Le Désir joue NEZ
Une comédienne joue BOUCHE
Un comédien joue COU
Un comédien joue OREILLE.
Pendant le déroulement de la pièce de Tzara,
les autres comédiens et les figurants jouent les détracteurs.