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Avant de passer à l'écriture, Villiers de l'Isle Adam avait coutume de mettre oralement ses récits à l'épreuve du cercle de ses amis… Salons littéraires où, dit-on, il exerçait un véritable talent de conteur.

D'où l'idée de ré-interroger par la lecture, sans les " interpréter ", ces textes de celui qu'on a surnommé l'Edgar Poe français de la fin du XIXe siècle.
…où les fantômes des protagonistes viennent hanter cette profération du livre de leur destinée.

Au côté du récitant : un chanteur, un Russe, invoque Véra la jeune épousée, russe précisément, que l'on vient d'enterrer, comme pour aider son mari à la faire revenir de la tombe.

Cet hymne à la fusion amoureuse brisée dans son élan au plus fort de la passion, précède l'autre cruelle histoire de cette Inconnue d'un soir, unique et comme prédestinée, arrachée aussi vite qu'apparue.

L'inspiration de ce romantique exacerbé de la fin du XIXe siècle est traversée par quelque chose de l'âme russe. Il y a dans ces deux " contes " une ferveur païenne toute religieuse, où l'empire de l'amour défie celui du destin, fût-ce l'espace d'un éclair, fût-ce le chant du cygne, qui se tait toute sa vie pour ne chanter qu'une seule fois.

C'est un cri masculin, âpre, une transgression, qui déchire et secoue la nuit, comme le rêve le plus troublant peut éveiller d'un coup les puissances les plus enfouies.

Villiers de l'Isle Adam écrit en orfèvre qui sculpte un diamant.
Dans ce rare moment de littérature française chaque mot frémit sous la plume, comme la peau à l'émotion la plus raffinée. Dire ces mots-là, donner à entendre l'essence même de l'œuvre, sa musique.

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