L'orgueil patronymique 2/12
Il en est des patronymes comme des
vêtements : ils sont plus ou moins faciles à porter.
Le mien n'exalte pas les canons de l'euphonie, certes, mais il
reste dans le domaine du supportable et du convenable. Du moins
le croyais-je, jusqu'à ces derniers jours
Ce patronyme ne m'a pas posé de problèmes
particuliers pendant ma scolarité. Mais après avoir
quitté l'enfance, les choses ont commencé à
changer. En douceur. Par une petite égratignure par-ci,
une petite écorchure par-là. En effet, "Pognant"
est souvent transformé en "Poi-gnant", un patronyme
plus répandu que le mien, et sous lequel on continue de
l'orthographier (dernier exemple en date : la CPAM, il y a deux
semaines
). Dans le premier article de presse où mon
nom fut cité, à l'époque où je faisais
mes premiers pas sur scène en déclamant des poèmes,
à l'âge rimbaldien, le critique écrivait texto
qu'il avait trouvé "Patrick Pognant assez poignant".
Facile, non ? Mais ce qui me poursuit le plus souvent, disons
dans le monde vulgaire, c'est l'allusion à "pognon",
avec des réflexions du genre : "Avec un nom comme
ça, vous devez en avoir !". Dans ces cas-là,
j'embraie au même niveau de trivialité et rétorque
dans un sourire un peu forcé : "Bien sûr que
j'en ai !" Rires gras. Rideau
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