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Juin 1944 - août 1944 : retour à Rouen ; fin de la guerre  

  Muni de ma fausse carte d'identité qui stipule que je suis ouvrier boulanger et que j'habite Evreux, je pars en souhaitant bonne chance à mes camarades. Il n'y a pas de train. Je finis par gagner Pontoise. Là, je tombe sur un convoi allemand qui se dirige vers Rouen. Je raconte aux Allemands que ces salauds d'Anglais ont bombardé Evreux et que toute ma famille est morte...
  J'ajoute :
  - Je dois me rendre là-bas et cela m'arrangerait si vous m'emmeniez jusqu'à Rouen.
 Ils acceptent ! Je monte dans leur camion et nous roulons jusqu'aux environs d'Elbeuf où ils s'arrêtent pour déjeuner. Ils m'invitent. Je rentre avec eux au restaurant et nous buvons un coup au comptoir. Je m'excuse et me rends aux toilettes. Le temps que je revienne et ils sont passés à table, dans la salle à manger. Je prends ma valise et me sauve...

  Je me rends chez les parents de ma fiancée, à Elbeuf, où j'attends la fin de la guerre. J'ai repris contact avec André Pointel, des F.T.P., qui me savait caché chez mes futurs beaux-parents. Un matin, je me trouve au jardin avec ma belle-mère. Le frère de ma fiancée arrive en courant, livide. Il m'annonce qu'André Pointel est à la maison et qu'il faut que je rentre vite.
  André Pointel m'annonce :
  - Les Allemands savent que tu es caché à Elbeuf. Tu dois changer d'air.
  Une cousine de Rouen s'était réfugiée chez ma belle-mère. Elle me donne les clés de son appartement où je me rends. L'appartement est situé à cinquante mètres de la gestapo... Cela fait quarante-huit heures que je suis là et je ne suis pas rassuré : je ne me sens pas en sécurité. Mon camarade Pointel me raconte qu'il a rendu visite à la buraliste de la gare Rouen-droite et qu'il lui a demandé du tabac pour les résistants en la menaçant de l'attaquer si elle ne s'exécutait pas. Elle s'est exécutée et mon camarade me ramène du tabac (il partage son butin entre plusieurs camarades). Je lui dis alors que je me sens nettement plus en sécurité chez mes beaux-parents. Il m'y reconduit. Mes beaux-parents me cachent alors dans la maison d'un directeur d'une usine de filature. A cause des bombardements, le directeur préfère vivre dans les caves de l'usine où il se trouve plus protégé. Tous les soirs, à la nuit tombée, ma belle-mère m'apporte à manger par une petite porte dérobée qui donne dans le parc de la propriété. Les journées sont très longues... Heureusement, la fin de la guerre approche et cette pensée permet de tenir le coup.
  Rouen est libérée en août 1944. J'ai repris mon poste à la S.N.C.F. et me suis marié.


Albert Pognant

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