< Retour rubrique Les Deux dernières Guerres mondiales
< Retour à la page-écran d'accueil du STALAG XI A
René
Jean-Louis Fabre est né à Aurillac (Cantal ) le 11/11/1911. Sa mère est
couturière et son père employé dans une fabrique de parapluies. Il n’a pas trois
ans lorsque son père part faire la guerre de 14. Il ne le reverra qu’en 1919.
Il effectue son service militaire en 1932 à Briançon dans les chasseurs alpins où il apprend la téléphonie et se marie le 29 avril 1938 avec Baduel Anna, couturière.
Il est mobilisé le 4 septembre1939, affecté à l’état-major du 86e RI 2e bataillon. L’automne et l’hiver, il reste dans la région de Mourmelon, en manœuvres et formation, attaché au Commandant Vassel (originaire de la Loire) ; il sera en permission début décembre.
Le 12 mars 1940, c’est le départ vers le Rhin, au combat : en avril, les positions de son régiment lui permettent de voir l’Allemagne ; les soldats travaillent en forêt où ils subissent de violents bombardements (un avion tombe d’ailleurs sur la maison réquisitionnée par l’état-major). Le 21 avril, il reçoit nouvelles lunettes (les siennes sont en effet cassées depuis janvier…). Le 8 mai, à la suite de violents bombardements, il fait une chute à la cave : ses lunettes toutes neuves sont cassées !
En juin, il est sur le front vers l’Hôpital de Saint-Avold. Le 12 juin 1940, il annonce un départ vers le sud : c’est là son dernier courrier.
Le 86e se replie vers Lunéville : après les derniers combats, René Fabre est fait prisonnier dans la forêt de Charmes (Vosges) le 20 juin 1940 avec l’état-major (dont le commandant Boucher).
Entre le 12 juin 1940 et le 2 (ou le 12 ) octobre 1940, il n’y a aucune nouvelle, ni pour lui, ni apparemment pour sa mère : par quel frontstalag passe-t-il ? quand part-il pour l’Allemagne ?
En octobre 1940, il écrit qu’il a enfin reçu des nouvelles ainsi que les six colis qu’on lui remet ensemble : évidement le pain est moisi… Il se trouve au stalag XIA (Altengrabow, près de Magdebourg ) et a été affecté au kommando 932 à Wernigerode, N° 85086. Il devait regretter de ne pas avoir accepté le vélo que des civils français lui avaient proposé en France pour se sauver mais, m’a-t-il dit plus tard, « je ne voulais pas qu’ils aient des ennuis ».
Toute cette période d’internement sera marquée par l’attente des colis et des nouvelles. D’octobre 1940 à février 1941, avec le Kommando 932, il se livre à des travaux de terrassement et de poses de lignes PTT. Il souffre de la faim et d’un panaris à un doigt. De février 1941 à mars 1942, il est affecté au Kommando 893/3 à Wernigerode : il s’agit d’une ferme de 1 000 hectares dont 500 hectares de céréales. Il travaille dans les champs jusqu’en octobre 1941 puis, durant l’hiver, il soigne les cochons (300 têtes ) : il passe ainsi l’hiver au chaud quand d’autres sont « aux betteraves »…
De mars 1942 à mai ou juin 1945, un nouveau changement de kommando intervient et il se retrouve au Kommando 356/7 chez Walter Novak à Halbertadt : il s’agit d’un garage, où René Fabre s’occupe du rechapage de pneus. Il regrette la ferme, pour la nourriture. Là, il crève de faim, s’ennuie, vit au froid, n’a plus de vêtements « potables ». Dysenterie, puces, punaises, désinfection du camp (à cause du typhus) font partie de la vie des prisonniers.
À l’hiver 1943, les restrictions se font sentir ainsi que les brimades : évasions, colis ouverts, objets censurés (pas de dentifrice…). Il n’est pas décidé à passer civil comme on le propose aux prisonniers[1]. À l’automne de la même année, il échappe au travail dans une usine d’aviation (avec les risques de bombardements inévitables) et il finit par passer « civil » chez le même patron. Il ne va plus au camp, mais doit se loger, se nourrir, payer impôts et assurances… en échange d’un semblant de « liberté ».
Lors de l’hiver et du printemps 1944, ce sont les restrictions, les afflux de réfugiés allemands qui fuient les bombardements. Le travail est de plus en plus dur car les ouvriers partent à la guerre et la main d’œuvre manque. On assiste à de nombreuses alertes suivies par des bombardements sur la ville (Halbertadt). René Fabre habite alors dans une synagogue « solide avec cave ». Il a le cafard et est en proie à de nombreuses inquiétudes.
Le 16 juillet 1944, il envoie une dernière lettre à sa mère.
Le 8 avril 1945 il est encore à Halberstadt qui subit ce jour-là un énorme bombardement (80% de la ville détruite) : il a ramené des photos de lui dans les ruines. La ville est libérée par les Américains mais passe sous contrôle soviétique.
Il est rapatrié le 8 mai 1945 et démobilisé le 8 juin 1945.
Après son retour à Aurillac, il aura trois enfants et travaillera dans des garages, aux pneumatiques.
Il
décède le 15 février 1981.
[1] Note de l’éditeur. On évoquait ces prisonniers de guerre qui, sous l’instigation des autorités allemandes, recouvraient la vie civile sous le nom de « transformés » : ils étaient « transformés » en civils mais ne recouvraient pas pour cela la liberté !
Contact Roger FABRE : giro.fabre@orange.fr
< Retour rubrique Les Deux dernières Guerres mondiales
< Retour à la page-écran d'accueil du STALAG XI A