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XI A
STALAG XI A
Louis Joseph LAMPIN

Né le 23 mai 1902 et décédé le 18 juin 1975 à Hénin-Liétard
(aujourd’hui Hénin-Beaumont).
Prisonnier au Stalag XI A de juin 1940 au 20 septembre 1941 - Matricule 95 346.
Monsieur
Didier LAMPIN m'a transmis les informations
et les documents de cette page à propos de son grand-père, M. Louis
Joseph LAMPIN. Il essaie actuellement de reconstituer un biographie
détaillée de son grand-père qu'il espère à terme mettre en ligne (il
est en effet webmestre d'un site bien documenté sur la cartographie
antillaise et plus particulièrement martiniquaise : http://cartes-martinique.pagesperso-orange.fr/
). Bien que cette page ne comporte pas de documents iconographiques à
proprement parler sur le Stalag XI A, j'ai décidé de la publier dans
cette rubrique. Outre que Louis LAMPIN a été prisonnier au Stalag XI
A ; ce qui justifie sa place ici, son petit-fils fournit, en plus de
documents intéressants sur Louis LAMPIN et, à travers lui, sur
l'époque, le bordereau de libération du camp que je n'avais
personnellement jamais vu.
Merci de lui transmettre toute
information pour son travail de mémoire à d.lampin@orange.fr adresse inopérante (22/10/2020)
Patrick Pognant (29/06/2012)
Biographie résumée de Louis Jospeh LAMPIN
Biographie rédigée par Didier Lampin ainsi que la légende des photographies
Son livret militaire donne de lui
la brève description physique suivante : yeux vert ; taille
1,70 m ; cheveux noirs
frisés ; cicatrice au genou gauche. Il sera marié à Rolande Guidez dont il aura trois enfants (Louis, Eliane, Jean-Léon).
Entre mai 1922
et octobre 1923, Louis Lampin effectue son service militaire en Allemagne à
Spire (Speyer) ville de Rhénanie-Palatinat, bordant le Rhin, éloignée d’une
cinquantaine de kilomètres de la frontière française. Il est affecté au 12e
régiment du génie, au 2e bataillon, 6e compagnie de la 47e
division (matricule 8184). Il en sortira avec le grade de sergent. Il aura
appris durant son service quelques rudiments d’allemand qui lui serviront, mais
il ne le sait pas encore, quelques années plus tard.
Il entre
ensuite au ministère des Finances où il sera fonctionnaire titulaire en tant
que dessinateur et géomètre du cadastre. Il
exercera principalement sur le canton d’Heuchin dans le Pas-de-Calais.
Bien que père
de trois enfants, âgé 38 ans, il est néanmoins mobilisé à Arras en mars 1940 et
affecté à la chefferie du 3e régiment du génie avec le grade de
sergent-chef. Lors de la déroute de mai 1940, son unité recule jusqu’à la côte
atlantique où elle ne trouve d’autre issue que de se rendre aux unités
allemandes de la Wehrmacht qui les talonnaient depuis la frontière belge. Il
est ainsi capturé, à Nantes, le 21 juin 1940. Il sera envoyé au camp
d’Altengrabow (Stalag XI A) où il arrive durant l’été. Il aura le matricule 95
346. Louis Lampin restera prisonnier en Allemagne jusqu’au 20 septembre 1941
date à laquelle il sera libéré, transféré en France, démobilisé à Arras et réformé de l’armée.
À Altengrabow,
il comprend très tôt que la guerre va durer et que s’il ne parvient à pas à
s’échapper rapidement d’une quelconque manière, il va devoir passer un
insupportable nombre d’années enfermé avec ses camarades d’infortune. Sa
famille lui manque terriblement. Il ne rêve plus dès lors que de la retrouver,
comme tant d’autres la leur, et de fouler à nouveau le sol natal.
Pour
arriver à ses fins et être ainsi libéré, Louis n'hésite pas à mettre sa
vie en danger. Dès les premiers jours de son internement, il commence
par montrer une constitution fébrile et fragile. Il ne veut absolument
pas travailler pour l'ennmi et cherche à être exempté des diverses
corvées. Il tâche alors de se faire porter malade le plus souvent
possible. Devant la détermination de ses geôliers qui n'acceptent pas
toujours sa condition de prisonnier valétudinaire, il s'emploie à
dégrader sa santé et apporter ainsi les preuves tangibles et
irréfutables de sa mauvaise condition physique. Heureusement, parlant
suffisamment la langue, il arrive à se faire comprendre et à plaider
son cas. Il essaie ainsi de persuader les autorités médicales du camp,
notamment le médecin militaire qui l'examine à plusieurs reprises,
qu'il est inapte au travail à cause d'une maladie cardiaque très
prononcée. Très régulièrement et surtout avant chaque examen, il fume
un mélange de tabac et d'aspirine concassée auquel il ajoute d'autres
excipients. Ce mélange détonant fait monter haut son régime cardiaque
et laisse croire alors à une maladie congénitale invalidante et
incurable. Il frôle ainsi plusieurs fois la mort et reste parfois
plusieurs jours dans un état limite. Au bout d'un an, les Allemands qui
n'entendaient pas nourrir inutilement un invalide qui pouvait au
demeurant mourir à tout moment, décidèrent, peine perdue, de la libérer.

Bordereau de
libération du camp d'Altengrabow (Stalag XI A).
Revenu en
France, il passe par les centres de démobilisation, d’abord Compiègne puis
d’Arras où il est enfin démobilisé et officiellement réformé. Il reprend
ensuite ses activités de géomètre du cadastre dans le canton d’Heuchin qui
dépendait alors du service des Contributions Directes d’Arras.
Dès la fin 1942 il montre son désir d’être utile à la cause
nationale. Il est animé par un « gaullisme » très profond voire
fervent. Il intègre en août-septembre 1943 l’O.C.M (Organisation Civile et
Militaire) sous la houlette de Jean Tison (alias Tomy) et du Commandant
Lhermitte (Alias Maurice Marec).
Attestation de l’échelon liquidateur de l’O.C.M,
datée de juillet 1962,
pour les activités de Louis Lampin durant son
appartenance à l’OCM entre août-septembre 1943 et le 1er mars 1944
Jean Tison, travaillait alors
au service des Contributions Directes et du Cadastre d’Arras et était en
quelque sorte un supérieur hiérarchique de Louis. Grâce à son emploi de géomètre du cadastre
qui l’autorisait à se déplacer en « zone interdite », Louis a
effectué des relevés et des états de situation des travaux défensifs et
offensifs allemands. Il a renseigné ainsi les Alliés sur la station radar de
Prédefin, les projecteurs de Crépy et d’Equirre. Il a donné des indications
hautement stratégiques sur les autres gigantesques travaux préparatoires aux
lancements des armes secrètes V1, V2 que faisaient les allemands dans les
communes de Lisbourg, de Bergueneuse…. Il a organisé également des dépôts
d’armes et des séances d’instruction. Il a transmis et fait transmettre
régulièrement des rapports de situation à ses chefs, notamment à Marec (futur
colonel Fernand Lhermitte).
Quelques mois après l’entrée de Louis à l’OCM, Jean Tison sera arrêté
par les Allemands fin 1943. Il sera détenu à la maison d’arrêt de la rue
Saint-Nicaise puis à la funeste citadelle d’Arras, et enfin fusillé au début de
l’année 1944. Entre-temps, bien qu’affreusement torturé et manipulé par des
renégats, il n’aura pas inconsciemment livré tous ses compagnons.

Tenace et fidèle en amitié, mais
aussi reconnaissant,
Louis conservera jusqu’à la mort la photographie
de son chef de réseau Jean Tison
En mars 1944,
l’O.C.M ayant été entièrement décapitée par les services allemands, Louis et
son groupe poursuivirent la lutte avec les éléments de la « Voix du
Nord ».
Attestation de l’échelon liquidateur départemental
de la Voix du Nord, datée de juillet 1960 signée par Raymond Bacart,
pour les
activités de Louis Lampin durant son appartenance à la Voix du Nord du 1er
mars 1944 à la Libération
Durant l’été
44, il est alors investi par le Comité de Libération du canton d’Heuchin,
responsable du secteur Bergueneuse-Heuchin-Fontaine-Boyaval. Il est nommé
« lieutenant » de l’armée secrète, celle des F.F.I. Pendant les
premiers jours de septembre 1944, il participe âprement aux combats contre un
ennemi bien encore redoutable bien que déjà très affaibli. Sous les ordres du
« capitaine » Henri Mahieu, son unité fait un nombre important de
prisonniers (une vingt aine d’Allemands
dont deux officiers). Durant les combats de Boyaval, où le nettoyage des bois
s’avère une tâche périlleuse, il perd un de ses valeureux compagnons d’armes.
Carte de combattant des F.F.I datée de septembre
1944
Louis conservera le brassard F.F.I, confectionné par son épouse Rolande (alias
Jack) également résistante, avec lequel
il a commandé son groupe au feu. Bien après la Libération intervenue pour le
canton d’Heuchin le 20 septembre 1944, il recevra en janvier 1949
l’homologation FFI n° 31 590.
Brassard personnel FFI - Voix du Nord, réalisée à
l’été 1944 par Rolande Lampin, l’épouse de Louis

Carte de combattant volontaire dans la Résistance
Louis Lampin a
servi la patrie sans autre pensée que celle de la libérer de l’occupant. A la
fin de la guerre, il redevient comme tant d’autres un fidèle serviteur de la
nation. Il semble qu’il ne reçoit d’autre reconnaissance honorifique de la
nation que celle de la Médaille de la France Libérée qui lui sera attribuée
bien tardivement, en 1968 !!!
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page
Le 1er juin 1968, Louis Lampin reçoit,
chose étrange car plutôt réservée aux militaires et aux extra nationaux,
la
Médaille de la France Libérée


Louis Lamin obtient cette
médaille certainement sous les conditions d’obtention relatives à l’article 4
(voir ci-dessous).
Il semble qu’à partir de 1957 cette médaille n’était
pourtant plus décernée.
Louis Lampin a-t-il jamais arboré
cette distinction lors des cérémonies (prises d’armes) et commémorations
officielles auxquelles il a participé jusqu’en 1975
et durant lesquelles les
anciens combattants et les résistants commémoraient et commémorent encore leurs vaillants aînés tombés pour la France ?
Créée par le décret du 12 septembre 1947 modifié par le décret du 16
juin 1948 : Médaille de la France Libérée.
Cette médaille récompense :
1) les
militaires en activité de service qui, par des actes individuels, ont
apporté une contribution effective à la libération des territoires
métropolitains et de l’Union française et des territoires sous mandat
du 18 juin 1940 au 20 août 1945 à la condition expresse qu’ils ne
soient pas déjà titulaires d’une des décorations suivantes : Légion
d'honneur, pour faits de résistance, croix de la Libération, croix de
guerre, pour faits de résistance, médaille de la Résistance, ou
médaille de la reconnaissance française pour faits de guerre ;
2) les
militaires des armées alliées, ayant participé à des opérations de
guerre sur terre, sur mer et dans les airs, sur les territoires
métropolitains et de l’Union française ou les territoires sous mandat
du 3 septembre 1939 au 20 août 1945 ;
3) les
militaires des armées alliées, ayant assuré la liaison avec les forces
françaises de terre, de mer et de l’air du 8 juin 1940 au 20 août 1945;
4) les
ressortissants français, alliés ou non, qui démontreront avoir, par des
actes individuels, apporté une contribution effective à la libération
des territoires métropolitains et de l’Union française et des
territoires sous mandats du 18 juin 1940 au 20 août 1945.
© texte, légendes et photos Didier LAMPIN 2012
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