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les pores de la peau.
À l'instar de nombreux Cordouans, il sortit
après s'être douché et avoir revêtu
des vêtements propres, sans oublier de se parfumer ni de
graisser ses cheveux. En Espagne, l'heure apéritive a toujours
été, même aux heures les plus dures de la
dictature franquiste, le moment pour paraître sous son meilleur
jour. Car il s'agit bien de se pavaner, qui au bras de son épouse
ou de sa belle, qui les mains dans les poches pour être
sûr qu'elles ne s'égarent sous les jupes des filles,
fraîches et souriantes. Il faut montrer aux autres, en paonnant
parfois ridiculement, qu'on est le plus beau, le plus riche, le
plus heureux et, nom d'un taureau, le plus viril des hommes. Entre
deux salutations, entre deux sourires, entre deux roucoulades,
certains ont pris l'hispanique habitude de se tripoter la joyeuse
trinité : faute de quoi leur bonheur ne serait pas complet
? Hombre ! Cette mâle fierté arrogante était
peut-être plus perceptible à Cordoue, la cité
ayant donné à l'Espagne deux de ses plus grands
maestros contemporains : le grand Manolete, quasiment sanctifié
depuis sa mort dans les arènes, en 1947, et Manuel Benitez
Pérez, dit El Cordobés, le rubio, légende
vivante connue dans le