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Magdalena loua une chambre dans un hôtel voisin de la pension de famille où résidait Abdelkrim, en plein barrio de la JuderÍa (le quartier juif), une vieille demeure dotée de l'un des patios les plus agréables de Cordoue, un des lieux de séjour prisés par les étudiants étrangers. Les deux premiers jours, elle se contenta de pratiquer une filature des plus discrètes. Mais Abdelkrim avait la vie banale d'un étudiant étranger installé momentanément dans une langoureuse capitale de province espagnole, et elle ne vit rien qui put alimenter l'hypothèse de Javier, convaincu d'un scénario plus extravagant. Magdalena en était arrivée à la conclusion que la frustration sexuelle ajoutée à une pratique perverse avaient peut-être conduit le jeune homme à planter dans ses orbites les jumelles d'un voyeur que Javier avait pris pour lunettes d'on ne sait quel espion venu du Sud. Il fallait toutefois qu'elle en ait le cœur net. Aussi décida-t-elle, au troisième jour, d'approcher le sujet à l'aide de son arme la plus sûre : sa beauté. Elle choisit de provoquer la rencontre le soir, avant le dîner, à l'heure de la seule promenade possible, au moment où le soleil éteint ses braises dans le crépuscule incendié d'une nuit bienfaisante, attendue, mendiée par tous