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Les informations
concernant Roger Jarry étaient regroupées dans une page ouverte le 11
janvier
2025, "Demandes d'informations" que j'ai provisoirement fermée car elle
n'était occupée que par le seul Roger Jarry. Aussi, étant donné le
volume d'informations recueillies sur ce prisonnier, notamment par M.
Yannick Chaumette, fidèle contributeur de ce site, j'ai décidé de
consacrer à ce soldat une page, à l'instar de celles concernant les
autres prisonniers. Mais contrairement aux autres pages (qui reposent
toutes sur la même charte), celle de Roger Jarry ne commence pas par la
photo du prisonnier ! Le lecteur découvrira pourquoi au fil du texte
ci-dessous qui est l'exacte copie de celui qui figurait sur la page
désactivée "Demandes d'informations". En effet, il m'a semblé pertinent
de retracer le cheminement et les différentes sources qui ont conduit à
l'élaboration des informations fournies ici.
P. Pognant (12.05.2025)
Yannick Chaumette propose de nouveaux documents
P. Pognant (29.05.2025)
Genèse de la page consacrée à Roger Jarry
J'ai reçu de madame
MAUDET ce document concernant un prisonnier du Stalag XI A, Roger
JARRY, qui n'a aucun lien de parenté avec elle. Madame MAUDET précise
que son père, Raymond MAUDET (né le 01.01.1927), s'est engagé dans les
FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) en 1944, à l'âge de 17 ans. Je
résume ce qu'elle écrit : son grand-père, Alexandre CHANROND, était
engagé dans la Résistance pendant toute la durée de la guerre mais elle
ignore sous quel alias. Il était en relation avec des camarades dans le
Nord et il a été informé qu'un jeune chef de réseau avait été fait
prisonnier et interné dans un camp (mais il n'est cependant pas certain
qu'il s'agisse de Roger JARRY). On a su par des camarades
du camp, qu'il était à l'infirmerie lors de la libération par les Russes, mais après, on perd sa
trace.
P. Pognant (11.01.2025)
Des questions posées ci-dessus, il ne reste que celle de
l'identification des deux prisonniers sur la photo. En effet, des
éléments ont été écartés (un résistant interné dans un Stalag est
quasiment impossible, la libération des camps par les Russes intervient
un an après le décès de Robert Jarry...) et Yannick Chaumette répond
ci-dessous à plusieurs questions.
Peut-être des internautes
aideront-ils à identifier Roger Jarry sur la photo ou apporteront-ils
des informations sur le jeune FFI Raymond Maudet en 1944 ? De son côté,
Madame Maudet poursuit des recherches sur le jeune chef de réseau
évoqué plus haut, et elle nous informera si elle trouve quelque chose.
Merci de transmettre vos informations à
< sitepp@free.fr >
qui fera suivre à Mme Maudet
Mise au point de Madame Maudet
En fait, Madame Maudet avait entremêlé deux histoires complètement indépendantes : celle de ce
jeune chef de réseau rapportée par son grand-père maternel qu'elle
avait reliée hypothétiquement à la photo de Robert Jarry ; mais il se trouve que Roger Jarry est une toute autre
histoire, que Yannick Chaumette a reconstituée et raconte ci-dessous. Quant à l'épouse de
Robert Jarry, Madame Maudet, grâce aux indications de Y. Chaumette, a
trouvé, dans les registres
de l'état-civil la mention "Mme Suzanne Coulange épouse Jarry". En
reconstituant l'arbre généalogique, elle a ainsi découvert que Suzanne
faisait partie de sa famille (elle a d'ailleurs été élevée quelques
années par les
grands-parents du père de Madame Maudet). Cela explique la présence de
cette photo
dans sa famille. Merci à Madame Maudet de nous l'avoir confiée et
d'avoir ainsi permis de raconter le triste parcours de Robert Jarry, ce
jeune soldat français qui s'est retrouvé prisonnier en Allemagne sans
savoir qu'il allait y mourir.
Ajouté par PP le 05.02.2025
Voir les éléments de réponse apportés par Yannick Chaumette
(c) 2025, Coll. particulière, droits réservés
Roger JARRY est peut-être à gauche sur la photo ;
en effet, le prisonnier à gauche paraît plus malingre que celui de droite
(ne se trouvait-il pas à l'infirmerie ? souffrait-il d'une pathologie ?) :
nous sommes bien conscient de la conjecturalité de cette hypothèse...
et seule une identification étayée permettrait de mettre un nom au moins sur un des deux prisonniers.
(c) 2025, Coll. particulière, droits réservés
Texte figurant au verso de la photo.
Outre les nom et adresse de la destinataire,
on peut y lire le n° du Kdo (n°7) et le matricule de Roger Jarry (101208).
éléments de réponse apportés par Yannick CHAUMETTE
Roger Jean Marie JARRY naît le 04.03.1912 à Le Bourgneuf-la-Forêt (Mayenne) comme l'atteste son acte de naissance :
Voici ce qu'écrit Yannick Chaumette :
"Je
pense être à même d'avancer que l'adresse donnée par Roger Jarry au
dos de la photo voir ci-dessus est celle de son épouse. On aurait pu
penser qu'il pouvait aussi s'agir de sa mère, mais celle-ci, bien
qu'encore en vie à cette époque, s'était remariée suite au décès de son
mari, le père de notre PG, et portait en conséquence le patronyme de
son nouvel époux.
Aussi, madame Jarry habitant la rue Vau Hello à
Langueux est bien Suzanne Joséphine Coulange (épouse Jarry Roger depuis
le 02.03.1935). Cependant, les recensements de population de la ville
de Langueux (Côtes du Nord à l'époque et d'Armor aujourd'hui) ne nous
aident pas à confirmer la présence de cette dame : dans les listes
nominatives, on ne trouve son nom ni en 1936, ni en 1946. On doit donc
faire confiance au PG qui a noté cette adresse."
Notre chercheur retrouve sa trace à la date du 8 novembre 1940, dans les registres des Listes officielles des Prisonniers de guerre dont voici deux extraits :
La colonne de droite est la suite de la liste, tronquée. La page 34 correspond à celle du registre.
Voici les commentaires de Yannick Chaumette :
"Concernant l'unité de Roger Jarry, le 115e Régiment d'Infanterie (RI)
a participé dès 1939 à la surveillance des frontières allemande
et luxembourgeoise en particulier dans le secteur d'Aumetz. Lors du
repli ordonné par l’État-major le 9 juin 1940, le 115e RI arrive aux
environs de Troyes à la ferme La Guillomière où, ayant épuisé armes et
munitions, les restes du 115e RI, auxquels avaient été agrégés ceux
d’autres unités dispersées, sont capturés par les troupes allemandes.
Roger Jarry est présenté comme caporal
(Cap.) au 115e RI dans les deux extraits ci-dessus. Le numéro à la fin de la ligne est celui du Frontstalag 124, à
Troyes. C'est dans ce camp que mon père a été détenu
jusqu'à son transfert à Altengrabow le 17 janvier 1941 [voir la page de Georges Chaumette]. Le matricule
101208 inscrit au dos de la photo indique que Jarry est
arrivé à Altengrabow par le même convoi que mon père et donc à la même date. Le registre
d'arrivée indique dans sa page de garde que ce convoi acheminait les
prisonniers dont le matricule allait de 101146 à 101500."
Par ailleurs, notre chercheur a identifié le Kommando 7 dans le Registre des Kommandos du Stalag XI A mis en ligne sur ce site et dont voici l'extrait identifiant la localisation du Kdo 7 :
Le
Kommando 7 se trouvait donc à Altenweddingen et même s'il dépendait
d'Altengrabow, il s'en trouvait éloigné de 70km. Les prisonniers
affectés à ce kommando dormaient donc sur place, ne rentrant pas
quotidiennement au stalag. L'auteur précise que "le Registre mentionne
trois sous-kommandos
mais, comme on peut le voir sur l'extrait ci-dessus, il ne renseigne le
type d'activité que pour le premier : il s'agit de la fabrication
d'objets
d'artisanat (St[ück] Handwerker), ce qui est bien vague (il
s'agit sans doute, confiée à de petits ateliers, de la fabrication de
petites pièces destinées à l’industrie militaire). Il est posssible que
c'est à ce
travail artisanal que fut affecté Roger Jarry. Je n'ai à ce jour
trouvé aucun témoignage de PG sur le Kdo 7".
Une triste information attendait Yannick Chaumette pour finir sa recherche. Il découvrait que Roger Jarry était mort de maladie à Altenweddingen, vraisemblablement à l'infirmerie (ce qui corrobore l'information d'un séjour à l'infirmerie donnée par Mme Maudet, voir supra), le 20 août 1944, à l'âge de 32 ans :
Depuis le site Memorial Genweb.
Dans la colonne de droite, on remarque les trois lieux mémoriels où le nom de Roger Jarry figure.
Yannick Chaumette a trouvé leurs photos sur le web.
Voici le résultat d'une autre recherche qui complète la précédente (où l'on a pu voir le lieu de la mort, que mentionne l'extrait suivant mais avec une faute !) :
JARRY Roger, Jean, Marie Mort pour la France.
Caporal au 115e Régiment
d’infanterie
Prisonnier de guerre Frontstalag
124 (Troyes)
Stalag XI A,
Altengrabow, matricule 101208
Kommando 007
Altenweddingen, près Schönebeck /Elbe
Mort en captivité le 20/08/1944
Trouvée
par madame Maudet dans ses papiers de famille, la photo (voir ci-dessous) l’intriguait
beaucoup car elle ne voyait pas qui pouvait bien être ce prisonnier et quel
lien il pouvait avoir avec sa famille. À tout hasard et pour tenter de répondre
à son interrogation, après avoir reconnu l’intérêt de cette photo avec P.
Pognant, j’ai entrepris une recherche concernant ce prisonnier de guerre.
Les premiers sites visités, Mémoire
des hommes et Mémorial Genweb apportent un renseignement important, ce
prisonnier est mort pendant sa captivité et à ce titre a été reconnu Mort
pour la France. Un lieu et une cause de décès sont mentionnés sur le
premier site : Altenne Addingen et maladie contractée en service.
Malheureusement ces deux renseignements sont inexacts !
Mémorial Web est plus précis sur le lieu de
captivité et donc de décès : Altenweddingen. Ce qui sera vite confirmé
par la consultation de la liste des Kommandos du stalag XI A : < http://ppognant.online.fr/registre00_accueil.html
>
En effet, parmi les éléments
indiqués au dos de la photo, sans doute rédigés par le prisonnier lui-même, le
numéro de son Kommando de travail (Kdo 7) permet de localiser son lieu de
captivité en Allemagne : Altenweddingen, ainsi que le travail forcé auquel
il était soumis, dans une petite entreprise artisanale fabriquant de
« pièces » (st. = Stück) sans plus de précision.
S’en est suivie une consultation sur
le site Gallica de la BNF des Listes officielles des prisonniers français
d’après les renseignements fournis par l’Autorité militaire allemande qui mentionne
que Roger Jarry appartenait au 115e Régiment d’infanterie et qu’il
était captif à la date de la parution de cette liste (8 novembre 1940) au
Frontstalag 124 de Troyes : < https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5770236x/f36.item
>
Au
dos de la photo figurait aussi le nom de son épouse et le lieu de résidence du
couple : Rue Vau Hello, à Langueux, Côtes du Nord à l’époque
(aujourd’hui Côtes d’Armor). Ces éléments ont permis de remonter la généalogie
de Roger JARRY qui, par son mariage, s’est avéré être un lointain parent de Madame
Maudet.
Mais, malgré toutes ces découvertes,
une question demeure : lequel des deux prisonniers de la photo est
Roger JARRY ? Par cette mise en ligne, c’est aussi une bouteille à la
mer qui est lancée en espérant qu’une personne l’ayant connu le reconnaîtra, permettant
ainsi de mettre un visage sur ce prisonnier à l’histoire tragique.
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