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J'ai reçu de M. Yannick CHAUMETTE (voir la page consacrée à son père) un message dont voici un extrait : " Je
reviens vers vous à la suite d'un voyage que j'ai fait cet été sur le
lieu de détention de votre père et du mien, Altengrabow. J'ai pu y
visiter une petite exposition artisanale faite par un couple de
particuliers dont la dame a depuis toujours habité le village. Elle
retrace, dans un baraquement du camp aujourd'hui installé dans leur
jardin, l'histoire du "Truppenübungsplatz Altengrabow" qui, bien sûr
englobe la période où ce camp d'entraînement servait à la détention des
soldats prisonniers. J'ai étudié avec attention les très nombreux
documents qui sont présentés et j'ai photographié un certain nombre
d'entre eux. "
En fait, ce sont seize photos que Yannick Chaumette m'a
envoyées et que j'ai rassemblées en deux lots : les photos présentant
le site d'Altengrabow aujourd'hui (elles complètent celles de Gilbert AUTHEMAN
mises en ligne en 2002) et les photos historiques prises par lui sur
les panneaux de l'exposition. Merci à lui pour sa générosité envers les
internautes et les familles de prisonniers.
Les photos du site aujourd'hui (2011)
(« Le camp de prisonniers de guerre »)
Panneau de gauche
Un
camp de prisonniers de guerre existait déjà à Altengrabow pendant la Première Guerre
mondiale.
Au début de la Seconde Guerre
mondiale, fut aménagé à proximité du terrain d’entraînement militaire,
le
« camp de base XI-A pour hommes de troupe et sous-officiers », le
Stalag XI-A d’Altengrabow. Il appartenait à la région militaire d’Hanovre.
Des prisonniers de guerre originaires d’au moins douze pays différents y furent détenus.
Panneau central
En 1939,
le camp se composait de 15 grands bâtiments à étages, de 35 baraques maçonnées,
25 baraques en bois et 25 écuries.
Pendant la guerre, les prisonniers durent
encore l’agrandir. Les écuries et autres hébergements d’urgence furent en particulier
réservés aux prisonniers soviétiques.
Suite à l’attaque de l’Union
soviétique par l’Allemagne hitlérienne en 1941, le nombre de prisonniers
augmenta de façon notable.
Pendant l’année 1942, on compta environ 49 500 hommes au Stalag XI-A, principalement d’origine soviétique.
80 % des
prisonniers étaient répartis dans des camps extérieurs appelés Kommandos, pour
travailler notamment dans l’industrie de l’armement et l’agriculture.
On a
compté jusqu’à environ 1 700 de ces Kommandos.
Déjà, durant l’année 1941, en raison
des mauvaises conditions de vie, les premières épidémies s’étaient déclarées.
Elles firent de nombreuses victimes.
Les dures conditions du camp se traduisirent pour les Russes en un
régime de terreur qui eut pour conséquence de nombreuses exécutions de
commissaires politiques et autres responsables soviétiques*.
Au 1er janvier 1945, se
trouvaient au Stalag 62 300 prisonniers provenant de plus de dix pays ;
outre les Soviétiques déjà mentionnés, séjournaient également des prisonniers des USA, de France, de Grande-Bretagne, d’Italie, de Pologne, de Belgique et des Pays-Bas.
* Note du traducteur :
nommés au sein de l'armée, responsables principalement de l'encadrement idéologique des officiers,
les commissaires politiques dépendaient d'une hiérarchie politique et non militaire.
Par ailleurs, les Russes, que la propagande nazie présentait comme des sous-hommes,
étaient tous assimilés à des communistes.
Ils étaient de ce fait l'objet de traitements inhumains de la part des autorités militaires allemandes.
Panneau
de droite
Peu de temps avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, le camp a été en partie évacué par un commando de la 83e Division d’infanterie américaine.
Des prisonniers américains et d’autres pays occidentaux alliés ont été libérés à cette occasion.
Immédiatement après le 4 mai 1945, des
troupes appartenant au 1er Front ukrainien ont pris le contrôle du
camp et des prisonniers encore présents.
Le nombre de prisonniers morts au
Stalag n’est, à ce jour, pas connu avec précision. Les estimations font état de
plusieurs milliers de morts.
Des recherches en cours en Saxe-Anhalt devraient permettre d’éclaircir ce point.
LE PANNEAU ISOLÉ
(il
s'agit vraisemblablement d'un ancien panneau, scellé, qui n'a pas été
retiré ; en effet, les informations proposées sont reprises dans les
autres panneaux)
Créé en
1895, le camp militaire d’entraînement d’Altengrabow a été réaménagé en camp de
prisonniers pour hommes de troupe, le XI-A, en septembre 1939.
Les vieilles
écuries ont servi d’hébergement.
Toujours en septembre, les premiers
prisonniers polonais arrivent, puis en mai des
Français, des Belges et des Hollandais.
En mai 1941, c’est au tour des Serbes,
des Croates et des premiers Anglais, puis, au printemps 1941, les premiers
prisonniers de l’Armée Rouge.
Ceux-ci sont placés à l’écart du camp principal
et leurs cadres sont exécutés à l’extérieur du camp sur ordre spécial
de
l’Armée
[cet ordre prévoit l’exécution immédiate de tous les
commissaires politiques soviétiques sans qu’ils soient traduits en justice :
annotation de Y. Chaumette].
Suite à la capitulation de leur pays, des
prisonniers italiens arrivent au camp au printemps 1943. Au total, des
prisonniers de treize pays seront passés par le Stalag XI-A.
Avec une moyenne de
quelque 55 000 hommes, le Stalag XI-A fait partie des grands camps de l’Allemagne
centrale et du nord.
Après un passage d’un mois environ au camp principal pour
leur enregistrement, les prisonniers étaient répartis, soit dans les fermes
alentour, soit à la fabrication de munitions.
Il y a eu jusqu’à 1 700
détachements de travail.
La faim et les conditions de vie malsaines ont provoqué
plusieurs épidémies dont ont été victimes de nombreux prisonniers. Début mai
1945 le camp est libéré par les troupes alliées.
Nous nous
inclinons devant les victimes et nous nous souvenons d’elles dans le deuil.
« DAS
DENKMAL »
(« Le monument »)
Trois panneaux
Le
monument aux victimes du camp de prisonniers de guerre, le Stalag XI-A, a été
inauguré le 1er septembre 2009,
jour du 70e anniversaire du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale,
en présence du Ministre-Président du Land de Saxe-Anhalt, le Professeur-Docteur Wolfgang Böhmer
et du Président de l’Assemblée de Saxe-Anhalt, Dieter Steinecke.
De
nombreuses personnalités allemandes et étrangères étaient également présentes.
L’idée du monument est venue de
l’Association du mémorial du camp d’Altengrabow
[Le nom complet est Association pour le Mémorial du camp de prisonniers de guerre
et du terrain de rassemblement et d’entraînement militaire d’Altengrabow : annotation de Y. Chaumette].
Le projet a été mené à bien avec
l’aide financière du Fonds culturel de la République fédérale
qui a organisé un concours sous l’égide de Mme la Professeur Andrea Zaumseil du Château de Giebichenstein, École supérieure des métiers d’art et du design.
Le 27/10/2008, le jury a décerné le premier prix à Michael Krenz, diplômé de cette université.
La fondation de la Caisse d’épargne Est-Allemagne
ainsi que la Caisse d’épargne du Pays [« Pays » signifie ici « regroupement de communes : annotation de Y. Chaumette] de Jerichow en ont financé la réalisation,
laquelle a reçu le soutien de la Bundeswehr ["Armée allemande"] et a été menée à bien par l’entreprise Génie Civil et Construction Brandenbourg sous la supervision de l’artiste.
Ce dernier explique pour la compréhension du monument :
« Un lieu de mémoire suit les traces du passé. Il représente le fait que notre société n’a pas oublié et attend de nous une attitude de responsabilité. »
Le monument se compose de trois éléments différenciés les uns des autres par leurs matériaux et leurs surfaces.
Ils se dévoilent à différentes hauteurs sur le site, symbolisant ainsi les strates temporelles.
Panneau central
La couche la plus apparente est formée par la plateforme en béton. Elle symbolise l’attitude face au passé, la volonté de s’y confronter et le besoin de se souvenir.
L'idée conceptuelle a été de représenter une feuille de papier vierge matérialisant ainsi l’interconnexion du lieu, du temps et du texte.
Dégagées du béton, apparaissent les plaques d’acier ; cette strate représente le passé que sa rouille fixe.
L’une des dalles se trouve
éloignée du camp, sur l’ancien réseau ferré, ceci en référence aux innombrables
transports de prisonniers.
Tout autour, la pelouse, la troisième couche, symbolise le présent : l’herbe pousse et disparaît.
Le Ministre-Président et le Président de l’Assemblée du Land de Saxe-Anhalt ont chacun souligné l’importance de ce mémorial.
Le Pr-Dr Wolfgang Böhmer :
« La terre sur laquelle nous nous trouvons est nourrie du sang des prisonniers qui ont été exécutés ici ou qui ont perdu la vie en raison des traitements inhumains qu’ils ont subis.
Le grand mérite de cette association a été de faire de cet emplacement, à la fois un lieu de mise en garde et de mémoire.
Ce monument honore les morts, les préservant ainsi de l’oubli. » ;
Dieter Steinecke :
« Connaître le passé, c’est apprendre pour l’avenir. Le mémorial d’Altengrabow est, de fait, un lieu incontournable où l’Histoire prend vie.
Ici, les victimes de la dictature nazie nous exhortent à œuvrer pour
une Europe démocratique et pacifique. »
Légende de
la carte :
Avec l’aimable soutien de la Fondation de la Caisse d’épargne Est-Allemagne et de la Caisse d’épargne du pays de Jerichow
en partenariat avec le Château Giebichenstein, École supérieure des
métiers d’art et de design, de la ville de Halle.
« DER
FÖRDERVEREIN »
(« L’association »)
L’Association
pour le mémorial du camp d’Altengrabow
[le nom complet est Association pour le
mémorial du camp de prisonniers de guerre et du terrain de rassemblement et
d’entraînement militaire d’Altengrabow : annotation de Y. Chaumette]
fut fondée
en 2006. Au cours de l’année 2010, elle a été rejointe par le Freundeskreis Standort-Altengrabow
(Cercle des Amis d’Altengrabow).
Son but
est la création d’un lieu de mémoire dédié aux prisonniers de guerre qui y ont
perdu la vie,
témoignant ainsi qu’au-delà de la région et du Land Saxe-Anhalt,
les morts ne sont pas tombés dans l’oubli, et qu’ici aussi, l’Allemagne est
consciente de ses responsabilités.
Le premier
signe visible en est la création du monument.
Les
recherches historiques concernant les listes de noms, les données, les faits de
l’histoire du camp et des prisonniers
visent à créer les conditions préalables
à la mise en place d’une exposition permanente
qui s’adressera aux survivants, aux
militaires de plusieurs pays s’entraînant sur le terrain, aux personnes s’intéressant
à l’histoire ainsi qu’au public scolaire.
L’entretien
du site est assuré par les membres de l’association et l’Armée. Sa préservation
à long terme devrait être à la charge de la Fondation pour les monuments de Saxe-Anhalt.
Note au bas
du panneau : Toutes les
données correspondent à l’état des connaissances au moment de l’inauguration du
panneau d’information
qui s’est déroulée le 8 mai 2010 à l’occasion de la Journée
commémorative des victimes de la guerre.
Traduction de Yannick CHAUMETTE.
Relecture
et corrections de Hans-Friedrich SCHUBERT.
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